Affaire 2500 candidats magistrats : qui manipulent financièrement et judiciairement l’État ? (Analyse)

La justice congolaise est indexée depuis quelques mois dans la presse et les réseaux sociaux dans la troublante affaire des 2500 candidats magistrats qui attendent leur nomination depuis 2022 après avoir réussi au test et répondu à l’obligation onéreuse du Conseil Supérieur de la Magistrature de venir tous à Kinshasa pour passer un contrôle technique. Les encres ont séché mais cette saga ne fait que rebondir comme une épidémie sociale qui ronge plusieurs familles dans le pays. La nation congolaise semble ignorer que si chaque famille concernée comporte 50 personnes alors cette situation touche 125.000 congolais.

Ce groupe vaillant des congolais appelés à servir la nation, perdu et isolé, ne sachant plus à quel sein se vouer après avoir effectué toutes les démarches administratives nécessaires, a même organisé des manifestations publiques dans lesquelles certains futurs magistrats ont été molestés puis brutalisés par des éléments de la police. Quelle bassesse structurelle collective ! Ils sont simplement victimes de leur volonté acharnée de débuter la carrière professionnelle et de répondre au manque criant des magistrats dans plusieurs juridictions. Aussi, la situation sociale précaire en RDC après la fin des longues études de droit devrait animer le gouvernement à traiter ce dossier en urgence.

Qu’est-ce qui bloquent finalement la nomination par ordonnance présidentielle de ces 2500 congolais ? N’a-t-on pas dit que notre justice était malade et qu’il fallait trouver un remède rapide ? Est-ce que la politique peut empêcher la justice de bénéficier de ses ressources humaines naturelles? Quel est le péché de ce 2500 candidats magistrats pour qu’on puisse les délaisser dans la rue dans une situation qui au départ concernait 5000 personnes ? Quel est l’impact du voyage vers Kinshasa pour passer le contrôle dans les familles de ceux qui ont quitté les autres provinces? Pourquoi punir ceux qui ont réussi le test alors qu’il y aurait, selon plusieurs sources, des intrus dans la liste de 2500 magistrats nommés dans le premier lot ? Pourquoi laisser cette histoire ternir l’image déjà écornée de la justice congolaise ?

Nous n’avions pas encore fini de nous poser toutes les questions que nous avons constaté, comme tous les congolais, depuis deux semaines le côté sombre de cette affaire avec un curieux rebondissement financier. Des documents sortis du ministère du budget et de l’Assemblée nationale attestent que les 2500 candidats magistrats qui attendent avaient été programmé pour être payé en 2024 en cas de nomination et que les 70 milliards de francs congolais prévus pour eux ont été astucieusement dilapidé sous prétexte d’augmentation de salaire des magistrats en fonction. La toile y va dans tous les sens et tout le monde s’étonne de cette supercherie, si détournement il y a comme d’aucuns l’affirment, en accusant clairement le Conseil Supérieur de la Magistrature.

Quel est le rôle du Conseil Supérieur de la Magistrature dans cette rocambolesque affaire ? Pourquoi autant de rebondissements dans une affaire qui expose les failles insoupçonnées de notre système judicaire ? Pourquoi le Conseil Supérieur de la Magistrature voudrait imposer une telle souffrance à des personnes qu’il est sensé protéger et qui finiront par remplacer naturellement les magistrats d’aujourd’hui?

Consultés pour raison d’enquête, les candidats magistrats disent en synthèse être fatigués d’attendre et expliquent vivre dans une précarité inimaginable du fait d’avoir tout abandonné pour rejoindre Kinshasa afin de passer le test exigé par le Conseil Supérieur de la Magistrature avec l’assurance que leur nomination ne traînerait pas. Ils appellent humainement le Chef de l’État Félix Tshisekedi à entendre leur strident cri de détresse et à agir en tout état de cause pour le bien de la justice congolaise en signant cette ordonnance qui va les libérer de la souffance.

En définitive, il est question de savoir qui manipulent financièrement et judiciairement l’Etat congolais dans cette affaire. Nous allons tenter d’entrer en contact avec les hautes sphères de la justice congolaise pour y répondre.

Grâce Nsamu

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2 commentaires sur « Affaire 2500 candidats magistrats : qui manipulent financièrement et judiciairement l’État ? (Analyse) »

  1. Bora depuis Bukavu, lauréate Magistrate

    Le CSM ne doit pas chercher à souffler le chaud et froid dans ce processus.

    Depuis 2O22 lors de la publication des résultats, le conseil supérieur de la magistrature s’est érigé en gourou du deuxième lot à nommer en 2024 en tripatruillant délibérément l’ordre de mérite et en insérant plus de 100 fraudeurs dans le premier lot nommé en 2023. En agissant ainsi en amont, tout portait déjà à croire que la suite du processus ne sera pas heureuse pour le deuxième lot.

    Et par conséquent, puisqu’ayant déjà fait nommer ses poulins en 2023, le CSM ne trouvait plus d’urgence à accélérer la nomination du lot 2024, ce qui justifie le non respect de son propre chronogramme rendu public en février 2024 qui prévoyait la nomination au mois d’avril de la même année. C’est pourquoi ils ont bloqué la transmission des projets d’ordonnances au Président de la République pour justifier la non prise en charge en 2024 de nouveaux magistrats.

    L’affectation de fonds prévus pour la mécanisation du deuxième lot au prétendu réajustement de salaires des magistrats en fonction comporte double intérêt:
    1) l’amélioration dès l’entame de carrière de conditions de vie de leurs poulins récemment nommés,
    2) l’objectif du bureau du CSM à attirer les faveurs des syndicalistes et des autres magistrats pour pérenniser son autorité et son influence. D’où la fameuse promesse du simple au double.

    Malheureusement, tout ceci a pour conséquence la marginalisation de ces pauvres lauréats du deuxième lot dont certains clochardisés et d’autres croupissant dans la misère depuis 2 ans lors de leur appel au contrôle physique dans la capital par le CSM, abandonnant femmes, enfants et emplois dans leurs provinces de domicile.

    Aujourd’hui le CSM vient d’exposer à nouveau sa mauvaise foi à la face du monde en accusant ces lauréats magistrats de diffamation alors qu’il sait pertinemment que ceux-ci ne sont ni de près ni de loin à l’origine du soupçon de détournement détaillé dans la correspondance récente du Ministre du Budget en réponse à la question écrite de L’honorable Janvier Apele.

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